29 décembre 2005

Jour 155 - Mendoza - S 32.8895º W 688443º

Avec un peu de retard le bus m'emmène vers Mendoza. Guillaume devrait déja être à l'hotel, en provenance de Salta (500 km au nord).
Enfin de la compagnie qui devrait me booster.
J'ai du mal à me bouger et plannifier quelque chose d'original mais c'est vite décidé : objectif Cerro Plata et ses 6100m.
Les conditions seront cependant différentes des balades Boliviennes.
Le Cerro Plata, c'est le petit frère de l'Aconcagua. Même vent (50 à 100 km/h), même froid (-20ºC), l'air sec caractéristique de cette région (la Puna) et surtout un climat extrèmement variable.
Bref, nous prévoyons 6 jours d'expédition en autonomie. Ça va pulser !

28 décembre 2005

Jour 154 - Uspallata - S 32.59134º W 69.34734º

Aujourd'hui j'ai décidé de faire de l'escalade sur rocher, histoire de me mettre en jambe. Uspallata est un village tranquille, une oasis au pied de l'Aconcagua.
Passage par l'agence Desnivel. Rendez-vous à 17h, avant il faire carrément chaud.
Arrivé sur place avec le guide, première surprise : c'est pas l'endroit qu'on m'avait vendu, pas de roche compacte et lisse, pas de paroi de 50m. Ici c'est de la roche pourrie qui te reste dans les mains... même les pitons de sécurité n'ont pas l'air d'être bien accrochés.
Zen, je reste zen, il fait beau ...
Le guide grimpe au sommet du rocher pour y installer la corde... 2nde surprise elle est trop courte de 5m... un détail.

Allez zou ! On s'énerve pas mais on rentre au bercail et on me rembourse sans rechigner. Une journée de perdue. A part ça, c'est sympa Uspallata, on s'y fait bien chier mais vraiment c'est sympa ! (pour la peine... pas de photo !).

Jour 153 - Uspallata - S 32.59134º W 69.34734º

Ce qu'il y a de sympa dans cet hotel "Casa Aventura", c'est le petit déjeuner. Donc je prends mon temps, je savoure. Gare de bus de Valparaiso, 10h30, je pars en direction de Los Andes, sans repasser par Santiago. Los Andes, c'est vite vu, il n'y a rien (rien rien rien) à voir, si ce n'est de noter l'incroyable fertilité des terres alentours. Sous ce climat méditerranéen, on trouve avocats, pêches, pommes, poires, oranges, cerises et certainement tout le reste... j'en salive.
Pas de bol, il n'y pas de bus en direction de l'Argentine (ça devient une habitude !)don je tente ma chance à l'auto-stop, en plein soleil à un carrefour. 1h30 avant qu'un militaire ne s'arrête. Infirmier d'un bataillon de haute montagne, vachement sympa mais il ne fait qu'un tiers du chemin ! 30 seconde après avoir été débarqué... une pelle mécanique ! (si si une grosse toute jaune avec des grosses roues!). En pleine montée le chauffeur me fait signe de jeter mon sac dans le godet et de sauter à l'arrière ! J'y crois pas.... faire du stop en pelle mécanique dans le massif de l'Aconcagua... qui va le croire ? On fait du 5km/h mais c'est ça de pris !
Au bout d'une demie-heure, je me fait benner au poste de contrôle de l'armée, à 10 kn de la frontière. 10 minutes d'attente avant de sauter dans un bus venant de Santiago en direction de la frontière. Au passage, je paye le ticket complet pour faire 1/5 du trajet.
Le bus passe par "la cuesta de los caracoles". 28 virages en épingle qui font de l'Alpes d'Huez une vulgaire pente en ligne droite ! IMPRESSIONNANT !
Le panorama ne l'est pas moins. Ici ce sont les Andes jeunes, escarpées, violentes et balayées par le vent sec et glacial : la Puna.
Cette route est certainement un des plus spectaculaires jusqu'à présent... waou !
A peine la frontière passée, on me débarque à Puente del Inca. Je m'attendais à un village et me voilà face à 2 cabanes et un pont naturel de 20m de long... piègé ! Shit shit shit ! C'est reparti pour une tentative d'auto-stop, il est 19h !
Alléluia ! Un allemand et sa copine espagnole et Mary Poppins dans le coffre dans une Fiat au parre-brise fêlé... tout va bien mec... c'est l'altitude ! Super sympas les jeunes ! Ils me déposent à Uspallata (un nom délirant qui va bien avec cette journée), juste devant l'hotel. Ben voilà, une journée standard finalement.
Ah ! Mon pote parisien Guillaume m'envoie un mail... il est à 500 km d'ici (à Salta) et après demain on se retrouve à Mendoza, histoire de parler montagne et si le temps, les pattes, le budget, les filles et les bourricots sont d'accord... ACONCAGUA HERE WE GO ! Sur que j'ai pris ine insolation !

Jour 152 - Valparaiso - S 33.0360º W 71.6332º

Encore une journée de balade à Valparaiso. Je rencontre un français, l'archétype du type qui a tout vu et qui a un avis sur tout. Qui râle au sujet des touristes qui râlent et qui se vante d'avoir "un oeil de photographe". Des trous du Q comme ça font encore plus apprécier les gens sympas !
Sa perception de Valparaiso : "ça pue la merde de chien !", "c'est rien d'autre qu'une favella au bord du pacifique!".... soit, il n'a pas tout à fait tord monsieur "je suis guide touristique", mais si il avait l'oeil de photographe et l'âme un tout ptit peu poête, cette ville ne le laisserai certainement pas insensible.
C'est vrai que tout se casse la gueule, que les tôles ondulées rouillées ne tiennent que grâce aux 20 couches de peinture et qu'il a presque autant de chien errants que d'habitants... il n'empêche, il y règne une ambiance bohême des années 60, une ambiance de quartier pauvre en temps e dépression économique, ou tout le monde se connait et s'entre-aide. Même si ce n'est qu'une illusion, c'est une grande source d'inspiration.
Aouch... hier j'avais pas mis mon chapeau et aujourd'hui ça mal au crâne ! Toujours quand s'y attend pas.
Il me faut me faire violence pour quitter cette ville, je viens juste de découvrir 2 restos sympas, décorés par des artistes déjantés et aux menus originaux forcément accompagnés de bons vins de cépage... I will be back ! Bon, de toute façon il n'y a pas de place à l'hotel.

26 décembre 2005

Jour 151 - Valparaiso - S 33.0360º W 71.6332º

JOUR 150, équinoxe du voyage, Noël et Happy Birthday (le premier en été)! Je l'ai pas fait exprés, promis !
Balade avec Dirk, le pingouin antarctique. Aprés avoir rencontré 2 moussaillons, nous allons visiter le Kruzenshtern, voilier école de la marine russe.
S'en suit une virée sur les collines de Valparaiso ou à 2 reprise on nous conseil de faire demi-tour... "c'est dangeureux, on peut vous attaquer !" Dommage on a pas pris les piolets !

Retour à la Casa. Au passage devant l'épicerie, nous en profitons pour acheter 2 bouteilles de vin et ce sera un soirée mémorable devant un excellent plat de pâtes. Aprés ça, pas difficile de trouver le sommeil !

Cadeau de Nowel collectif, un peu de science-fiction : Bush Should Be Impeached NOW on peut toujours rêver, mais c'est Noël !

24 décembre 2005

Jour 150 - Valparaiso - S 33.0360º W 71.6332º

Finalement j'ai réussi à fermer l'oeil ! Au réveil, surprise ! Des arbres ! Je ne savais plus quelle tête ça a un arbre ! 3 heures au nord de Santiago, climat méditérranéen et vergers dans tous les coins.
11h, débarquement au terminal de bus et 15 minutes plus tard direction Valparaiso.

Quelle atmosphère ! Il semble que le temps ce soit arrêté quelque part en 1960, bloqué par une épaisse couche de rouille. Le ciel est gris, température plutôt fraîche et les collines couvertes de maisons colorées ont comme un air de Montmarte ! Une ville pour artistes, mélancolique... une ville de marins aussi!
avant de poser mon sac à la Casa Aventura, je repère un restau, "le filou de Montpellier" le menu n'est pas donné (surtout selon les critères boliviens dont je ne me suis pas défait), mais damned, c'est presque noël et cette parenthèse française m'a l'air trés acceuillante... en effet, le boeuf bourgignon est top !
Casa Aventura 16h, la patronne se barre et nous voila seuls entre montagnards (3 espagnols et un allemand qui revient de 3 semaines en Antarctique !). Menu du réveillon : salade et riz... et pinard ! Les discussions vont bon train sur les sommets gravis et le galéres de chacun... je me contente d'écouter, pas vraiment d'exploits à comparer avec ces excités du mousqueton !

Jour 149 - San Pedro de Atacama - S 22.90985 W 68.20213º

San Pedro a bien faillit me retenir plus que prévu ! Ce village à certes du charme, mais pas suffisamment pour 5 jours.
10h30, en route vers Calama, une importante cité minière du nord-chili.Le paysage est désertique, monotone et pas vraiment spectaculaire.
Calama... on m'aurait dit Santa Fé au Nouveau Mexique, je l'aurai cru. Les panneaux routiers sont 100% américains, les larges avenues bordées de "malls" et de concessionnaires automobiles (Dodge et Chevrolet).... Welcome to "Estados Unidos de Sur America".
2 heures de pause avant de prendre le bus vers Santiago. C'est le désert non-stop... le fameux désert d'Atacama et ses 0% d'humidité propices à l'observation du ciel. Pas de chance, pas le temps d'en profiter ! Le coucher de soleil est spectaculaire cependant.
Minuit à Copiapo. Arrêt de bus, pause technique et un père de famille français en profite pour se faire piquer son portefeuille... Puta, me gusta Chile !
Ce que j'adore dans les bus, hormis le fait que le sommeil soit un vériable miracle, c'est ce mélange de gosse qui braillent et... une mamie à mes côtés qui fait plus de bruit en ronflant qu'un V12 à plein régime. Demain, JE DORS !

22 décembre 2005

Jour 148 - Licancabur - S 22.83311º W 67.88255º

1h45, debout la dedans ! Surprenant la température est à peine inférieure à 0ºC. Je m'attendais à vraiment tester le sac de couchage et voila que je créve de chaud.
2h05, en route Nestor ! Le challenge est d'être au sommet pour le levé du soleil (5h45) et de revenir au refuge avant 10h (heure de départ du bus pour le Chili)... va falloir faire chauffer les mollets !
Bonne surprise, le chemin est plutôt facile à repérer, mais c'est raide et dans la caillasse c'est 2 pas en avant et 1 pas en arrière. Epuisant cette connerie !


Je prends un rythme d'ascencion constant de 300m/h que je tiendrais jusqu'au sommet, avec une seule pause avant une partie d'escalade sur de gros rochers vers 5500m. Dur mais beaucoup plus efficace que la marche dans le sable.
5h08, j'atteinds le sommet.
Il fait carrément plus froid ici, les gants sont juste suffisant et je ne peux pas m'arrêter de marcher, sous peine de ne plus sentir mes orteils. Prendre des photos est une école de patience avec les gants. En contre bas, je contemple le plus haut lac du monde (150m de diamétre à 5900m d'altitude... des fous furieux américains sont venus y faire de la plongée en 2003 !), entouré de quelques pénitents (pics de glace de 50cm à 3m de haut).
Le spectacle est grandiose. Le ciel change de couleur à l'est, les sommets volcaniques se découpent lentement sur l'horizon... j'en oubli le froid et dés les premiers rayons de soleil je commence à me réchauffer.
Paradoxalement, réaliser cette ascencion ne me fait bondir de joie ! C'est plutôt une satisfaction sereine et contemplative qui domine, "assis sur le rebord du monde".
Je m'imprégne de chaque seconde, "attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi" (M. Proust). Le temps semble s'arrêter mais à 6h la montre me rappelle à l'ordre... faut descendre en vitesse.
40 minutes de descente en glissade dans les cendres seront suffisantes pour atteindre la tente. Efficace, mais quelle giclée d'adrénaline sur ces pentes à 50º.
Pas le temps de faire chauffer le café, je refais mon sac et repars biscuits entre les dents vers la Laguna Verde. 8h, la fatigue se fait sentir, j'ai mal aux pieds. 9h30, toujours pas de voiture à l'horizon et je suis à 40-45 minutes du refuge... pas le temps de ralentir sinon je suis planté 24h dans le trou du cul de la Bolivie ! 10h15, refuge de Laguna Blanca, le bus est encore là, sauvé ! 15 minutes plus tard nous nous mettons en route vers San Pedro de Atacama au Chili ! La logistique les gars, ya q'ça d'vrai !
14h, après une splendide démonstration d'inefficacité de la douane Chilienne...San Pedro de Atacama, 2500m plus bas, 40ºC , gringolandia et ses prix en conséquent (10$ la nuit et repas à 15€ !).
Pas de bus vers l'Argentine avant le 27 décembre... No way ! Seule solution de retranchement : 24h de bus vers Santiago de Chile puis Valparaiso... au niveau de la mer !
22h, j'ai 8 heures de marche dans les pattes (1000m D+ 1500mD-), perdu 3500m d'altitude, encaissé une variation de température de 50ºC en quelques heures, je commence à voir des étoiles en plein jour... je crois que je vais bien dormir ! Ciao !

Jour 147 - Laguna Verde - S 22.78769º W 67.81870º

Réveil à la fraîche. Tout est gélé dehors.
Direction le champ de geysers. Levé de soleil dans la vapeur, le sol est rouge, stérile, parsemé de rochers, on se croirait sur Mars (je vous laisse trouver la photo martienne).

Nous passons la matinée à rouler dans ces paysages extratrestres pour déboucher sur la Laguna Verde et le Licancabur au fond.

Le Licancabur (5935 m). Ça fait un an que je fantasme sur le cône parfait de ce volcan.
12h, la fine équipe poursuit son chemin vers Uyuni alors que je reste au refuge de Laguna Blanca... au milieu de nulle part une fois de plus.
14h, je fini ma soupe (rien d'autre à se mettre sous la dent au refuge !), allège mon sac et commence à marcher vers le Licancabur, hors piste, avec ce que ça comporte de surprises.
17h30, j'atteinds les 4900m après avoir quelque peu galèré pour repérer le sentier qui mène au sommet. Pas question de se planter ici, les chiliens ont minés la moitier de la montagne !
Coucher de soleil splendide, les 2 lagunes plein cadre. La température baisse rapidement, il est temps de faire chauffer quelque chose et de mettre au chaud.
Le vent soufflera fort jusqu'à 20h puis s'arrêtera net pour le reste de la nuit. Quelle sensation... perché sur les flancs du volcan avec le silence comme seule compagnie, paysage minéral à perte de vue... la solitude prend ici tout son sens. Plus que jamais je suis conscient que la seule personne qui puisse me secourir ici en cas de pépin... c'est moi !

Jour 146 - Laguna Colorada - S 22.17041º W 67.80491º

Au programme de la journée : traversée du désert plein sud en passant par plusieures lagunes colorées.

Succession de paysages de plus en plus grandioses, aux couleurs improbables. Dégradés de rouges et d'ocres sur des étendues immenses, je ne vois pas le temps passer.

21 décembre 2005

Jour 145 - San Pedro de Quemes - S 20.74767º W68.05273º

13h30, un 4x4 de l'agence Empexa (que je recommande fortement !) passe me prendre sur l'île.
Le chauffeur(Valério), la cuisinière (Candida) et 5 touristes à bord.

Une fois de plus j'ai de la chance de tomber sur un groupe sympa.

Nous arrivons à San Pedro de Quemes, petit village perdu hors de la route classique vers 17h, après avoir visité "la grotte des galaxies" aux scultpures naturelles étranges, tout droit sorties d'Alien ! (grotte découverte en 2003 - filaments de boue pétrifiée).

20 décembre 2005

Jour 144 - Isla Incahuasi - S 20.24105º W 67.62747º

Il est 5 heures, la température est proche de zéro (beaucoup moins froid que prévu) et il reigne un silence absolu. Je traverse l'île et rejoint la côte Est entre les catus. Le soleil se léve, un tableau d'une géométrie parfaite se dessinne : 1/2 salar encore noir, 1/2 ciel multicolore et entre les deux le soleil incandescent ! Instant magique, irréel.
Je passe prendre mon sac et de l'eau et m'en vais marcher quelques heures sur le salar. Au bout d'une heure, j'ai l'impression de ne pas m'éloigner de l'île. J'ai perdu la 3éme dimension, plus de sensation de profondeur, je marche sur un tableau monochrome, bleu !
Sensation hypnothique, ma respiration, la cadence des pas et le coeur qui résonne dans les tempes.

La vue est inchangée durant de longues minutes, le temps est aboli. Les sens ne sont quasiment plus sollicités, la pensée ne trouve rien... ascése des sens, ascése de l'esprit...expérience quasi mystique.
Retour vers Incahuasi. Le soleil est d'une violence inouie. Pour ne pas rotir littérallement, j'enfile mon coupe vent en prenant garde de ne pas exposer le moindre cm2 de peau.

Je fais la connaissance de Waldo, gérant du bar touristique. Des jours entiers à écouter la radio en ont fait un spécialiste de politique internationale. Nous passerons des heures à débattre du futur de la Bolivie et d'une multitude de sujets.
Le reste de la journée, à l'ombre, je dévore "le monde selon Garp" jusqu'au couché du soleil. Quelle déception que de n'avoir qu'un petit appareil photo... c'est sublime.
20h30, le vent se léve, les étoiles aussi... indescriptible !

17 décembre 2005

Jour 143 - Isla Incahuasi- S 20.24105º W 67.62747º

Demain c'est les élections en Bolivie ! Le pays est officiellement paralysé durant 24h, les véhicules sont assignés à résidence donc pas de tours de 3 jours dans les immensités désertiques. Bloqué à Uyuni !
Pour ne pas passer mes journées (aujourd'hui et demain) à regarder les autres touristes siroter leur binouze, je part à midi vers la Isla Incahuasi, en plein milieu des 12.000 km2 du salar. Tu voulais un coin perdu ! Ben, on peut pas trouver mieux !Lundi on viendra me récupérer sur l'île et je continuerais pendant 3 jours vers San Pedro de Atacama au Chili.
Sinon, j'ai prévu de traverser le salar à pied (!), mais comme je me sens pas à 100% (100km à faire en 48h avec 10 litres de flotte + tente et bouffe) je profite de ce premier passage pour faire du repérage auprès des agences. Dommage car la période aurait été idéale : températures juste au dessous de zéro pendant la nuit et ciel voilé pour ne pas cuire au soleil. J'ai prévu de repasser par ici en avril/mai... à suivre.
En attendant, je pars m'amuser dans le cimetiére de trains au sud de la ville.
Le bus part finalement à 18h, tout droit sur le salar. 20h, je débarque sur "l'île". Normalement il est interdit de passer la nuit sur l'île, du moins officiellement. Mais comme je suis naufragé volontaire, on m'offre gracieusement l'hospitalité pour 2 nuits. Le ciel austral est hallucinant, Orion, Mars, Vénus, et le nuage de Magellan... je suis perdu et sort de la chambre toutes les 10 minutes pour (re)voir ce ciel incroyable.

16 décembre 2005

Jour 142 - Uyuni -S 20.46233º W 66.82279º

Pour varier les plaisirs, c'est en train que je me rends à Uyuni.
14h, enregistrement des bagages avec une floppée de gringos.
15h30, c'est parti... tout doucement, faudrait pas dérailler !
La traversée du lac Uru-Uru puis les berges du lac Poopo offrent un spectacle magnifique, flamands roses et autres oiseaux s'y regroupent.
23h15, arrivée à Uyuni avec une heure de retard. Uyuni, c'est Le spot touristique de la Bolivie. A peine descendu du train, on vous sollicite pour un tour du salar ou pour un hotel. Cela reste cependant amical et pas suffisament insistant pour être considéré comme du harcèlement.
Ce soir je ne me complique pas la vie, ce sera l'hotel Avenida, en face de la gare. Chambre super simple mais propre pour 2,5€, avec vue imprenable sur la statue stalinienne du cheminot bolivien.

Au passage, voila un truc énorme :Google Earth sans Google Earth. PLus besoin d'installer le programme sur votre PC (et risquer de vous faire jeter par l'administrateur du réseau !). Bon d'accord on perd les possibilités 3D mais l'essentiel est là !

Jour 141 - Oruro - S 17.96192º W 67.10471º

Ville minière sans charme, battue par les vents et perdue au mileu de l'altiplano, Oruro m'acceuille pour 2 demie-journées de transition avant de rejoindre Uyuni, "l'autre planéte".
J'en profite pour me mettre sur le net et m'informer sur les élections boliviennes du 18 décembre et notament sur Evo Morales, grand copain de Hugo Chavez, donc pas copain avec George "Wanker" Bush...

Voici quelques liens intéressants pour ceux qui aurait le temps de lire :

  • Le grand soir - journal alternatif
  • Thomas Pain corner's - Un ptit gars qui réfléchit... sur tout ! En Anglais.
  • Risal - Réseau d'information et de solidarité avec l'Amérique Latine

    Petit résumé pour les pressés :

    Evo descend d’une famille aymara, nation indienne qui possède trois piliers fondamentaux pour la formation de toute personne, trois paroles de sage : ama sua (ne sois pas voleur), ama quella (ne sois pas lâche), ama llulla (ne sois pas menteur) ; avec le temps est venue s’y ajouter une quatrième : ama llunku (ne sois pas servile).
    Depuis sa naissance, la vie du dirigeant a été très difficile : presque mort-né, il a grandi comme « niño llamero » (gardien de lamas) et travailleur agricole ; pour continuer ses études il a travaillé comme boulanger, maçon, trompettiste et il fut également sportif.

    Touché par les catastrophes naturelles, il migra - avec une partie de sa famille et de ses voisins de sa terre natale - vers la zone du Chapare, territoire devenu depuis 25 ans son territoire de lutte.

    Il a commencé sa carrière syndicale depuis la base : de par sa passion du sport et son honnêteté, son premier travail fut justement d’organiser des activités sportives. De là, il connut une ascension vertigineuse et est actuellement secrétaire exécutif de la Fédération du tropique de Cochabamba, président des Six Fédérations du tropique et chef du MAS-IPSP.

    En 1985, (...) il impulsa, avec d’autres dirigeants syndicaux, la formation d’un nouvel instrument politique pour les organisations paysannes, indiennes et originaires.

    En seulement 10 ans, le MAS-IPSP, conjointement avec d’autres secteurs populaires, s’est converti en la première force politique du pays.

    Le fait d’être la première force politique été à l’origine d’une réaction peu courante à l’ambassade étasunienne : un rapport du Conseil national de renseignement des Etats-Unis [National Intelligence Council], intitulé « Mapping the Global Future », identifie le Venezuela et la Bolivie comme deux pays faisant partie de « l’axe du mal ». L’administration de George W. Bush, sous le prétexte de « terrorisme international », a mis dans sa ligne de mire le gouvernement bolivarien de Hugo Chávez et le Mouvement au Socialisme (MAS).

    Ils n’accusent pas seulement Evo d’être un « narco-terroriste », un « guérillero » et un « narco-traficant ». Depuis les sphères du système et du pouvoir médiatique s’est déclenchée une campagne contre sa personne et son intégrité, mais surtout contre les mouvements sociaux dans leur ensemble.

    Malgré cette campagne « sale », la seule réponse est la vérité.

    Celui qui fut un humble gardien de lamas durant son enfance - comme les milliers d’enfants d’aujourd’hui qui vivent sur l’aride haut-plateau bolivien - s’est converti en un cauchemar pour l’Empire, le néo-libéralisme et les multinationales, et en un espoir pour le peuple et pour les majorités nationales.

    Cependant, il faut souligner que sur tout le territoire national, il y a de plus en plus de voix pour montrer qu’en Bolivie, il existe des milliers d’Evo.
  • 14 décembre 2005

    Jour 140 - Huayna Potosí - S 16.26247º W 68.15416º

    23 heures, comme prévu Téofilo vient me chercher. Dur ! Heureusement, dehors le spectacle est grandiose : c'est presque la pleine lune, le Huayna se profile parfaitement au dessus de nous, Orion se dessine au zénith et au loin c'est un déchainement d'éclairs qui illumine le ciel ! Un café, une tartine et c'est parti. Nous chaussons les crampons et d'un pas lent mais régulier nous franchissons le premier glacier, compliqué du fait du gel et dégel permanent de sa glace. La pleine lune nous dispense des torches, au loin (25 km)on aperçoit les lumières de El Alto, la banlieu de La Paz. Quelques étoiles filantes font passer lesouffle court et les jambes lourdes. 5600m. Première difficulté de la matinée, une parois d'une dizaine de mètres à franchir au piolet d'escalade... c'est dur mais j'adore ça !
    Les autres groupes sont quelques centaines de mètres dérrière, le rythme est plutôt costaud. La neige est absolument idéale, pas glacée mais compacte, un régal pour la progression. 5900m. Surprise du chef : le sommet est en vue, plus que 200 m à faire... sur une paroi glacée de 50º. Téo me dit qu'il faut une heure pour la franchir ! Ça motive vachement ! Bizarrement, je me sens beaucoup mieux qu'à 5600 ! Et là... c'est la guerre ! Téo part sur son rythme de guide et je décide de le suivre ! La cadence est hypnotique "droite, gauche, piolet,droite, gauche, piolet...", je m'aide de mes genoux pour me stabiliser, mais à cette vitesse de fou...j'explose ! Je crève de chaud et mes poumons cherchent désespérément l'oxygéne.
    Agonie ! A chaque expiration c'est un râle, quasiment un cri. Près de 30 minutes qu'on est dans le dur. Téo me dit "plus qu'une demie-heure !" je serre les dents, 3 pas et soudain... plus rien devant moi ! Cette andouille de guide est assis tranquillement AU SOMMET ! Hébèté, je regarde autour de moi, histoire de confirmer qu'il n'y a pas de point plus haut... Euphorie indescriptible ! Il nous a fallut 3h50 pour gravir quasi 1000m et culminer les 6088m du Huayna Potosí. Ça valait bien la peine de nous faire lever si tôt ! Maintenant il faut attendre une heure le levé du soleil. J'ai les orteils gelés, insensibles, mais le second groupe qui vient d'arriver au bout de 4h15 d'effort, a les oreilles en compote : ça fait 5 minutes que je leur chante des chansons de garde ! "Fanchon, quoi que bonne chrétieeenne, fut baptisée avec du vin..."
    7h25, nous sommes de retour au camp de base. 10h nous arrivons à la route ou nous attend la fourgonnette qui nous ramène à La Paz. Pour arriver là Téo nous a trouvé un racourci : sur le muret d'un canal de 30cm de large à flanc de montagne. D'un côté la flotte, de l'autre le vide et de face une mini tempête de neige, histoire de voir ou on met les pieds ! Je suis persuadé qu'on a fait la même école pour les raccourcis.
    12h La Paz et j'en profite pour vous raconter ces 2 jours incroyables. Le Sajama et ses 6500m me tente carrément mais le temps n'est pas de la partie à l'est du pays. Dommage car je n'aurais certainement plus jamais une telle acclimatation à l'altitude et une telle pêche !

    Une heure d'ascension dans les montagnes fait d'un gredin et d'un saint deux créatures à peu près semblables. La fatigue est le plus court chemin vers l'égalité, vers la fraternité. Et durant le sommeil s'ajoute la liberté. [Friedrich Nietzsche]

    Jour 139 - Base camp Huayna Potosí - S 16.27557º W 68.13786º

    Après le Burger King, il fallait revenir dans le droit chemin. J'ai trouvé un truc qui devrait faire l'affaire : le Huayna Potosì et ses 6088m.
    Je passe chez Adolfo Andino et pour 90 US$ me voila parti avec Téofilo, mon guide à moi tout seul. Au bout de 2 heures de route, nous voila au pied du monstre... gulps ! T'aurais pas été un ptit peu trop gourmand sur ce coup ?
    Nous commençons notre marche à 4700m pour rejoindre le camp de base situé à 5200m.
    4 autre personnes tenterons l'ascencion ce soir. Temps moyen pour toucher les étoiles : 6 heures de souffrance. J'ai bien dis "ce soir" ! Car on se léve à 23h pour lever l'ancre vers minuit ! Un truc de malade !
    Pas moyen de trouver le sommeil... trop chaud et il faut bien le dire, carrément stressé ! Sans parler du ricain de la tente d'à côté, qui n'a rien trouvé de mieux que de lire à sa dulcinée, un bouquin à haute voix ! Le romantisme à 5200m... ça me gonfle grave !

    12 décembre 2005

    Jour 138 - La Paz - S 16.49701° W 68.13913°

    Balade en ville. Quelle fourmiliére ! Je vous raconte pas la circulation, la mise en pratique de l'anarchie absolue.
    Visite du musée de la coca... pas de dégustation, dommage.
    Je passe par les rues pour touristes ou l'on vend de "l'artisanant industriel" (ça ressemble à du fait main...mais c'en est pas !) et trouve tout de même un vrai bonnet bolivien. Je passe également par le marché des sorcières ... ça vous tente un petit foetus de lama, c'est très bon pour les rhumatismes !(cf photo)


    Et puis c'est la rechute ! Après des mois de cuisine locale (éventuellement agrémenté de quelques pizz' pour varier les plaisirs)... je tombe sur un Burger King et son fameux Whooper ! Pire encore... dans la foulée je m'offre un ciné : le dernier Harry Potter (magnifique !). D'ailleurs, tant qu'on est là... faudrait que vous alliez voir le film et que vous vous côtisiez pour m'offrir la tente de HP au début du film... OK ? La mienne est vraiment juste.

    11 décembre 2005

    Jour 137 - La Paz - S 16.49701° W 68.13913°

    Journée de bus, le long du la Titicaca. On m'avait parlé de cette lumière unique... magique, même si le ciel est d'un gris acier menaçant.
    Passage de la frontière bolivienne et en 25m on monte d'un cran sur l'échelle de pauvreté.


    Au loin se profile la cordilliére Royale... entourée de nuage elle est majestueuse, s'élevant à plus de 3000m au dessus de l'altiplano. Arrivée sur La Paz, perchée entre 3200 et 3900m d'altitude... trés impressionante cette ville au milieu d'un canyon.