14 novembre 2005

Jour 109 - Cuenca - S 02.89596º W 79.01112º

Je prends au vol une fourgonnette qui descend vers Alausi... une fois de plus, je dirais que c'est plein ! Le sac posé contre une paroi fait un excellent dossier, surement la place la plus confortable de la benne. Nous allons battre le record : 26 personnes sur 6m2 ! Pour une fois je suis plus bas que tout le monde, certainement moins intimidant et de ce fait, une discussion s'engage.

Nous parlerons de l'agriculture, des pratiques qui n'ont pas changées depuis les Incas, du changement climatique tellement sensible dans ces régions, de l'exode rural, de l'émigration vers l'Espagne, de la chance que représentent ces émigrés pour le pays, de la politique passive en terme d'éducation et de plein d'autres thèmes. Je ressens surtout de la détresse, de l'abandon "no tenemos nadie para enseñarnos, para guiarnos !"(nous n'avons personne pour nous éduquer pour nous guider!). En 2 jours, c'est la seconde fois qu'on me demande "pourquoi vous ne venez pas ? Vous Savez!". C'est sympa merci ! mais je ne suis plus assez utopiste pour franchir le pas.
On m'écoute religieusement, mais j'ai envie de leur dire "Personne ne viendra vous sauver les gars, prenez vous en main... n'attendez pas Che Guevara, il s'est déja planté !".

Bref, il faut rester simple pour que les messages soient compris :
1) Education - Savoir, c'est pouvoir !
L'exode rural paradoxalement limite les chances d'accès à l'éducation. Une fois en ville, la majorité des enfants sont livrés à eux-même et forcés à mendier (revenu moyen en zone rurale < 2$/jour !).

2) S'organiser à niveau local - Le gouvernement est passif, ce sont les initiatives locales qui devraient prendre le relais. Cela suppose cependant une véritable révolution des mentalités dans ces campagnes. Le soutient d'ONG occidentales serait déterminant, mais je ne sais pourquoi, elles sont désespérément absentes (alors qu'au Guatemela elles remplacement quasi-intégralement le gouvernement en termes d'éducation primaire). Ah si, si, il y a bien des ONG pour sauver les ours à lunette ... et plein de volontaires anglais (jamais un français !).

3) Moderniser l'agriculture - De mon point de vue, c'est la base de l'économie dans ces pays. Les quelques techniciens agricoles sont des fonctionnaires, accrochés à leur bureau comme des morpions. On ne les voit jamais dans les campagnes.

En considérant l'histoire de ce pays, on constate que sur les 500 dernières années, les paysans ont vécus dans des sociétés (violentes) à 2 niveaux : d'un côté ceux qui possédent et qui savent (caciques Incas, conquistadores, colons espagnols et aujourd'hui leurs familles) et de l'autre côté ceux qui n'ont absolument rien, que l'on exploite et que l'on maintient dans l'ignorance. J'en arrive à me demander si cette soumission, le fait de ne pas oser regarder un européen dans les yeux (lors de mes ballades à Quilotoa, les gens fuyaient littérallement en me voyant arriver), ne serait pas devenue génétique !

C'est là que les émigrés en Espagne représentent un espoir. A Achupallas, 20% de la population de moins de 30 ans s'est exilée. Leurs enfants auront droit à une éducation européenne et sauront peut-être apporter des changements dans les mentalités de leur pays... Inch Allah comme on dit chez nous !

Difficile de faire le tour de la question en quelques lignes, c'est cependant un sujet intéressant... à suivre !
En mileu d'aprés-midi le bus arrive à Cuenca, qui immédiatement me paraît plus riche, propre et organisée que toutes les villes équatoriennes jusqu'à présent. J'y trouve un hotel/bar sympa : el Cafecito. Impossible de se coucher avant minuit, mais le cadre et l'ambiance sont sympas, au coeur de la vieille ville.
faudrait juste changer le climat... encore de la pluie ! Ouinnnn !

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