16 mars 2006

Jour 230 - Campamento 5700 - S 24.70133º W 68.54677º

C'est reparti pour un tour ! Direction le camp à 5700m. Cette fois ci pas de foilies, on suit la quebrada jusqu'au bout et c'est vrai que c'est plus simple, plus rapide (3h pour 1000m)... et qu'on transpire plus ! La mauvaise nouvelle c'est qu'on est toujours autant à bout de souffle !
La tente est montée en 10 minutes, rien n'a bougé (même pas Ségolène) hormis les bouteilles d'eau de 5 litres, congelées jusqu'au trognon !
Attendre... je déteste ça ! Dans la tente il fait 50ºC et dehors le soleil nous grille les neurones. Entre 2 aller-retours, nous décidons de l'heure de départ, rythme à suivre et surtout... on ne se sépare pas de plus de 50m (ça c'est pour le tondu qui n'sait pas faire doucement!).
18h, l'effet "Puna" commence à se faire sentir : mal de casque et sensations d'étouffement. Le temps passe et ça s'amplifie... damned, j'aime pas ça !
20h.
G "T'as pas faim ?"
F "Nan ! j'ai mal au crâne"
G "faut qu'tu bouffes. On fait un risotto"
F "gngngn - ouais vas-y !"

23h, c'est bien la 100ème fois que je retourne dans mon sac de couchage, gelé du coté collé à la tente et bouillant du côté intérieur, mais ce n'est pas le pire.
Je suis en pleine paranoïa. Dans ma tête, des bribes d'idées incohérentes se succèdent sans ordre logique. Krakauer et sa putain de catastrophe montagnistique revient toute les 30 secondes. J'étouffe dans le sac, j'ai l'impression de faire de l'asthme, la tête dans un étau et si par miracle je m'endors 30 secondes... je me réveil en sursaut, paniqué par une apnée, les yeux grands ouvert...

On est 2 dans ma tête. D'une part le psycho-paniquant et de l'autre, une personnalité hyper-rationnelle, pausée, qui n'arrête pas de décoder ce qui arrive et me rassure " c'est l'effet de l'altitude, hormis le mal de crâne il n'y a pas de symptômes sérieux... résiste encore un peu... ça va aller".... et l'autre en plein délirium-tremens qui revient "j'veux descendre, ça va pas bien, c'est dangereux, faut descendre à 7900m au camp II et faut aller ceuillir des myrtilles avec Scrat avant de s'prendre une avalanche... !".
Et voila que j'ai envie de pisser ! Dehors il fait -15ºC, 10 minutes pour s'habiller dans la tente. L'air frais me fait du bien. Je reviens me coucher, il est 1h.
Sursaut ! Guillaume est assis à côté de moi. Il est 4h.
- Comment tu te sens ?
- Très mal, j'crois que j'vais redescendre !
- Merde !

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