24 mars 2006

Jour 239 - Potosi - S 19.58562º -W 65.80876º

Ce matin, j'irai visiter les mines. Drôle d'idée que d'aller s'enterrer 300m dans le ventre de la Pachamama, à plus de 4000m d'altitude dans la poussière saturée de sympathiques minéraux tels que le plomb ou l'arsenic !
On commence par un tour au marché des mineurs.
Le guide nous suggère d'aider les mineurs en leur offrant des feuilles de coca ou des boissons non alcoolisées. Attitude responsable, car sur ce marché on vend aussi de l'alcool "potable" à 96º ou encore de la dynamite... un mélange détonnant !
Duement équipés, c'est parti pour 2 heures de promenade cavernicole.
Ça commence par 300m dans un boyau de 2m de haut qui se rétrécit petit à petit.
Température et humidité s'élèvent sensiblement, l'air se charge de poussière.
Collés à la parois, nous laissons passer 2 gamins qui poussent un chariot de minerai : 1.800 kg à pousser dont 700kg de feraille, pour 5€ par jour au bout du 10ème chariot ! J'ai pas osé leur demander ce qu'ils pensaient du CPE !
Quelques touristes ne se sentent plus très à l'aise et décident de ne pas aller plus loin. Cette fois ci il faut monter d'une vingtaine de mètres sur une échelle précaire. Ça frotte aux entournures.
La galerie ne fait cette fois qu'un mètre de large sur 1.60m de haut. 2 mineurs sont en train de perforer la roche pour y disposer les charges de dynamite agrémentées d'un peu de nitrate d'ammonium pour augmenter la puissance de l'explosion (AZF, vous connaissez ?).
Nous redescendons en suivant la veine de minerai brillante.
Avant de sortir, il faut rendre hommage au "Tio de la mina", le diable de la mine, au pieds duquel les mineurs déposent quelques cigarettes, oubliant sous terre leur foi catholique et renouant avec les rites payens de leurs ancêtres.
Alors que chacun prend sa photo en compagnie de Satanas, 5 détonations nous font changer de couleurs ! Nous nous regardons, livides, secoués par l'onde choc des charges de dynamite qui viennent d'exploser ! Dans cette atmosphère pulvérulante, l'onde de choc est visible et... on est pas fiers !
La sortie vers le grand air semble prendre une éternité, à chaque bifurcation, un doute... "c'est la bonne direction ?". L'air se fait plus léger, puis l'on perçoit un courant d'air et finalement, le bout du tunnel.
Le Cerro Rico, c'est Germinal en version Bolivienne, avec les touristes comme témoins.

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