10 novembre 2005

Jour 105 - Baños - S 1.39779º W 78.42094º

Quelle flemme ! Temps à l'orage et pas envie de faire quoi que ce soit.
J'aurais tout de même réussi à marcher une paire d'heures et repéré le chemin qui même au refuge du Tungarahua (petit volcan de 5000m, bien actif, bien fumant). Demain matin on fait chauffer la gomme, et pas qu'un peu !
J'ai bien failli louer une bicyclette, mais vu l'état du matériel (et la taille des cadres !) je préfère user mes bottes.
Allez, pour la peine, ce soir nous avons droit à une belle averse, faut bien faire plaisir au grenouilles de temps em temps.

La diffèrence entre touriste et voyageur ... personne n'a relevé, mais c'est vrai qu'il y en a qui ont un métier ! Pas vrai ?

Le touriste consomme des vacances, son temps est précieux. Il ne veut surtout pas d'imprévus. Il a un planning et entend bien le respecter. Il veut voir, et surtout photographier, pour raconter toutes ses "aventures" en rentrant chez lui. Et surtout, il ne veut pas se défaire de ses préjugés, acquis après de longues heures assis devant le journal télevisé !
Je ne lui jette pas la pierre, même aujourd'hui il m'arrive (souvent) d'être touriste, et d'enrager quand un guide de montagne se trompe de bus et met tous mes plans par terre ! C'est simple, je paye (voila la clé) et j'entends bien profiter de tout ce que j'ai acheté dans le catalogue. On m'a promit un sommet de 6.000m, et bien l'échec est interdit, monsieur, même si je dois y laisser ma peau !

Le voyageur est un errant volontaire, il n'a pas de but précis. Ou plutôt, son but est de faire le chemin, c'est le cheminement qui l'intéresse, pas le but final. Peu importe ce qui interfèrera, au contraire, il souhaite un maximum d'imprévus, du moment qu'il ne lui arrive rien de catastrophique. "On ne va jamais aussi loin que lorsque l'on ne sait pas ou l'on va" est sa devise.

Le voyageur vit son chemin, le touriste consomme son programme. (citation perso !)

Le "Temps" est la préoccupation qui les sépare. Et le temps, c'est de l'argent !

Une grande satisfaction dans ce voyage est d'avoir enfin réussi à faire abstraction du passé (heureusement qu'il y a ce blog pour me rappeler que je suis passé par le Guatemala !) et à avoir un horizon de préoccupation très réduit, quelques jours au maximum (sauf quand il faut planifier la venue des copains au mois de février...)

Le guide touristique : Un outil aussi réducteur qu'indispensable, un exterminateur de voyageur, un faiseur de touristes !
Indispensable, car on gagne un temps précieux à trouver rapidement ou dormir, et on s'égare pas dans des lieux a priori inintéressants.
Réducteur, car on s'empresse de ne suivre que ses conseils, on ne demande plus son chemin, on le lit et on limite l'imprévu. C'est une bouée de sauvetage... dont on se sert en permamence, et en conséquence, on n'apprend jamais à nager !

A plusieures reprises j'ai été tenté de me débarasser de ce guide, mais ma principale motivation était... qu'il pése bien 500g !
En fait, je suis persuadé que 500g de cartes bien détaillées serait une alternative bien plus enrichissante, permettant à chaque moment de savoir ou l'on est et ou l'on va... pas quand, ni comment, ni pourquoi. C'est ce que j'avais fait en Chine (une petite carte de rien du tout... et du riz !) et que j'hésite à faire ici.
D'ailleurs, la Colombie est certainement le pays que j'ai préféré jusqu'à présent, pour ses paysages, pour ses gens et aussi parce que le guide est plutôt avare d'informations, donc il faut aller les chercher, demander, hésiter, improviser ... là ça devient grattifiant !

Paradoxalement, ne pas suivre "la route" demande énormément de tenacité et d'efforts. "La route", c'est la sécurité, le confort proccuré par des occidentaux qui partagent votre culture (et vous (ré)confortent dans vos préjugés !). "le chemin", c'est l'inconfort, l'exposition aux imprévus, la recherche perpétuelle d'une voie originale...
"faire sa trace"... I love that! mais on ne peut pas être pugnace en permanence, je plaide donc des circonstances atténuantes (éternuantes ou externuantes plutôt!) pour avoir rejoint le troupeau... momentanément !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Petard , que tu parles bien!!!! j'en ai le coeur tout serré!!!
bisou Caro line (ta soeur...)